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22h22

 

Cette heure impeccable est ma petite faiblesse. Car, voyez-vous, je l’adore. Ça a démarré en 2000. J’ai soudain remarqué qu’une attraction incongrue m’amenait, chaque soir, à regarder l’heure très exactement à 22h22. Une fois mon attention attirée sur ce point, la chose s’est renforcée. Tant et si bien que, depuis vingt-quatre ans, sauf cas de force majeure, tous les soirs, mon regard croise 22h22.

Mais ce n’est pas tout.

En 2020, après avoir eu le Covid, mon cerveau s’est mis à me faire sentir une odeur enfouie dans ma mémoire. Chaque soir. Et, je vous le donne en mille, chaque soir à 22h22. L’odeur des feuilles froisées dans la forêt humide. L’odeur de l’antésite. L’odeur du contre-coup qu’on étalait sur nos genoux égratignés. L’odeur de la soupe au lait. Celle de la poudre de riz de mon arrière-grand-mère. Celle de la boîte en fer dans laquelle mon grand-père conservait ses pastilles Vichy. Celle du bâton de réglisse. Celle des chamallows fondus. L’odeur de la pluie. Celle du bitume après la pluie. Celle des algues vendéennes. Je vous épargne la liste, elle fait quatre années de long. L’ensemble a produit une chose étrange : j’ai désormais hâte d’être en 2040 pour découvrir quel autre effet mystérieux m’attend à 22h22.

10.03.2025

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