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Presque

 

Peut-on s’attarder sur le presque ?
Très peu de temps, bien sûr, car le presque ne vaut pas grand’chose et notre temps est devenu si précieux. Déjà, le presque est bien moins chic que le « et en même temps » de nos valeurs actuelles. Imaginez, ça ne tient pas la route si le panneau indique « vous pouvez tourner presque à gauche ».
Et pourtant, le presque porte en lui un goût d’inachevé, ce qui est fort agréable s’il s’agit d’un verre de bon vin. Beaucoup moins s’il s’applique à un succès. « J’ai presque gagné aux dames ». Oui, bien. A moins d’être un forcené du verre à demi-plein, on y verra plutôt une litote qu’un éclat de joie.
Mais le presque, c’est aussi le chemin de traverse. J’ai presque fait ceci ou cela : j’étais au bord, j’avais envie, j’étais obligé, puis finalement non. Je suis parti ailleurs. Il y a de jolis presque, aussi. Qu’on laisse échapper lors des jeux effrenés, de ceux qui laissent le souffle court et le cœur accéléré, comme une partie de balle aux prisonniers. Ce sont les presque de l’enfance, l’enfance tout entière imprimée dans le présent, l’enfance qui dit pourtant « j’ai presque 6 ans ».
Alors, ce que l’on peut souhaiter de mieux au presque, c’est qu’il s’accomplisse.

4.09.17

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