Noël
Ces versions proviennent d’une même réalité. Réalité nuancée selon que l’interlocuteur est le boulanger, un collègue, l’amie, le conjoint. En somme, un cas d’école des différentes facettes présentées à autrui selon les règles tacites qui régissent un ensemble social donné. Rien de moins.
« Vraiment bien. En famille, tous réunis, on a bien profité. Et vous ? »
« C’était vraiment bien. Chaleureux. On était tous réunis, ça faisait longtemps. On s’est régalés, les enfants étaient tellement heureux avec leurs cadeaux, on a pris le temps de discuter. Vraiment, super, ça fait du bien. J’ai limite le blues de la reprise. »
« L’enfer, comme d’habitude en fait. Je ne sais même pas pourquoi j’ai encore l’illusion que ça peut être un moment sympa. Une réminiscence de l’enfance ? Bref. Le petit a vomi à l’aller, la grande a chopé une angine, moi-même je sens que je couve un truc. Le grand oncle a encore fait des sorties légendaires, la grand tante a pleuré dans la cuisine, les ados ont trouvé leurs cadeaux « structurellement inutiles ». Et on a fini par parler politique. Mauvaise idée. Sans compter les bouchons, la queue pour trouver les derniers cadeaux. Je suis crevée. Et maintenant, il faut retourner bosser, ça me déprime. »
« La prochaine fois, on s’organise autrement. C’est plus possible, toute cette route. Quand je pense que tu as oublié le cadeau de ta belle-sœur, franchement… Et ton oncle, il ne peut pas faire une trêve de la connerie au moment des fêtes ?! Et pourquoi tu m’as offert ce livre, je l’ai déjà. L’année prochaine on n’y va pas, on trouve une excuse, c’est vraiment la tannée. »
6.01.2018