La boucle est bouclée
Pourtant je ne m’en lassais pas. Passer les doigts dans ces circonvolutions majestueuses. Admirer le doré blond comme les blés. N’en pas revenir, de disposer d’une descendance dotée d’une telle chevelure. Arrêtée dans la rue par le « oh… quels beaux cheveux… » des petites vieilles. Râler pour la forme devant l’entretien exigé par cette masse capillaire. Garder secret combien il est doux de passer et repasser et fourager et tournicoter avec la main dans ces anglaises interminables. Une, deux, trois, quatre… vingt boucles par mèche, au bas mot ! De quoi dégringoler de la naissance du cou jusqu’au bas du dos.
Et aujourd’hui, pour de basses raisons pratiques, profitant sournoisement d’un accord de ma fille, je lui ai coupé les cheveux. Ça paraît banal, sans risque, anodin « couper les cheveux ». Que non ! Le ciseau est monté trop haut, la jauge était mal située, mon œil a mal mesuré, les boucles m’ont trompée. Par impatience j’ai ignoré la nécessité d’agir sur cheveux mouillés et lissés. Erreur de débutante. Erreur pavée de bonnes intentions. Erreur.
Plus. De. Boucles.
Il n’y a plus de boucles. Finies. Parties. Adieux petites tournures de douceur, petites pentes surprises, petites attrapeuses de lumière. Erreur de maman. La même erreur que ma maman à moi. Qui a coupé mes boucles. Au même âge. A croire que les erreurs, ça se transmet. C’est bon à savoir. Mais c’est trop tard.
9.08.17