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Deux écoles

 

Dans la vie, il y a deux écoles.

J’aime bien ce genre de phrases. On s’attend à découvrir un truc essentiel derrière, une sorte de révélation, voire une épiphanie. Un bouleversement, un changement de paradigme, une nouvelle manière de considérer l’existence.

Au risque de vous décevoir, mes deux écoles sont très humbles. Niveau maternelle, en vérité. Mais venons-en au fait. Dans la vie, disais-je, il y a l’école des « on verra bien » et l’école des « on sait jamais ». Ah ! Reconnaissez qu’on est loin de l’épiphanie. Si j’aborde ces deux programmes scolaires, c’est parce que je dois bien reconnaître que je navigue entre les deux, sans savoir auquel me rattacher de manière ferme et solide. S’ensuit un cercle que j’irais presque jusqu’à qualifier d’infernal, n’ayons pas peur des mots. Car « celui qui craint les mots ne pourra saisir la vie » comme disait Jean-Michel Larousse. Mais quittons ce cher Jean-Michel – paix à son âme – pour revenir au problème qui nous préoccupe. Parfois, donc, j’entame la journée fermement convaincue « qu’on ne sait jamais ». Ces jours-là, je quitte le domicile munie de l’attirail de l’aventurier urbain : parapluie, mouchoirs, trousse de maquillage, liquide, pomme, bouteille d’eau, chargeur d’ordinateur, collant, petit carnet de notes, chéquier, carte de Rhésus sanguin. Et, comme de bien entendu, ces jours-là, je n’ai besoin de rien. Mais alors, rien. Les jours suivants, toute renforcée que je suis dans ma conviction que, finalement, comme je le sais depuis toujours, « on verra bien », j’attaque la journée délestée de ces futiles munitions. La suite se devine aisément. C’est évidemment ce jour-là que mon nez coule, que j’ai grand faim ou que j’ai besoin d’une transfusion sanguine en urgence (j’exagère à peine). Et ainsi de suite. Le contenu de mon sac varie donc en permanence, mais toujours à contre-temps. J’ai bien tenté de surprendre la loi de Murphy, prenant l’air de rien mon parapluie au dernier moment, hop. Rien n’y fait, ces jours-là sont désespérément sans pluie – et à Paris, c’est une gageure. Mais vous pouvez être certain que, le jour où une pluie diluvienne s’abat sur le bitume, je suis juste en-dessous, tête nue et incertitudes malmenées.

12.03.18

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